Les hommes voulaient atteindre les cieux en bâtissant une immense tour. Pour les punir, Dieu les a séparés avec différentes langues pour qu'ils ne se comprennent plus. C'est le mythe de la tour de Babel que revisite Chants Of Sennaar, signé Rundisc (Varion). Nous jouons la figure de l'étranger qui ne connaît rien au monde qui l'attend, et qui ne comprend pas un traitre mot des locaux qui lui parlent. L'idée de mêler la traduction aux énigmes rend le jeu unique. Au fil des heures, cela devient même impressionnant sur ce que ça apporte en termes de réflexion. Les glyphes (chaque peuple de la tour a son propre langage) sont un véritable mystère et ce sont très souvent les puzzles, en plus de nos conversations, qui nous permettent de rendre ces mots intelligibles. Inversement, certaines énigmes, typiques des jeux d'aventure, se résolvent grâce aux sens des mots trouvés. Tout est méticuleusement lié, sans jamais être mécanique. En plus d'être très beau (influences graphiques de Moebius, Druillet et Schuiten), le résultat s'avère donc stimulant et complexe (le jeu demande de l'investissement, pour sûr). Profond aussi, en nous proposant un remède contre la cacophonie ambiante.